Dans les années 90, le Faubourg de Béthune a connu une période de grands changements. Alors que le quartier était délaissé par la municipalité, un événement a attiré l’attention sur ses problèmes : la mort d’un jeune dans une rixe aux pieds d’un immeuble de Concorde1. Le 24 septembre 1994, Reynald Briclot, ancien toxicomane, est abattu par un autre habitant du Boulevard de Metz. Trois jours d’émeutes s’ensuivent2. Cet incident cristallise le sentiment d’abandon qui règne dans le quartier et ranime le débat autour de sa principale source d’insécurité : le trafic de drogue.
Suite à ces évènements, une foule de mesures sont prises dans le but de tranquilliser le quartier. Une première tentative, en 1994, consiste à réaffecter des concierges aux HLM. Ces postes avaient été supprimés quelques années plus tôt dans un souci d’économie. Cependant, étant perçus comme un facteur de sécurité, leur nécessité est reconsidérée3. En parallèle, un poste d’îlotiers est aménagé dans un appartement de Concorde4. Deux agents de police patrouillent régulièrement le Faubourg et sont les nouveaux interlocuteurs des habitants du quartier qui souffraient jusque là d’un manque de présence du service public. Ce poste de îlotiers est une amélioration, mais elle est jugée insuffisante. En effet, les deux policiers finissent leur journée à 20h, c’est à dire au moment où le trafic de drogue est le plus actif. En 1995, toujours dans cette même perspective d’amélioration de la qualité de vie, un nouveau terrain de sport de proximité est installé rue Léon-Blum. Cette structure à destination des enfants est largement bienvenue, car elles sont rares sur le quartier5.
En 1996, Martine Aubry annonce un projet d’envergure. L’objectif : développer le Faubourg de Béthune, en retard au niveau du Développement social urbain. Le quartier sous équipé devient la priorité pour deux ans. Le projet de développement s’articule suivant trois axes. Pour l’axe économique, l’ouverture d’une Maison de l’Emploi et d’autres antennes de services publics sont prévus. L’axe environnemental consiste à valoriser les espaces verts existants et à sécuriser le quartier grâce aux postes de concierges et des îlotiers. Enfin, pour améliorer la vie du quartier à proprement parler, il est prévu de réhabiliter la Maison Concorde, créer un Centre de la Petite Enfance et une structure d’accueil pour personnes âgées6. Le programme de réhabilitation de la maison de quartier – centre social Concorde est lancé en 1997. Il comprend l’aménagement du centre social et de sa salle polyvalente et une extension7.
En 1997, la ville de Lille s’attèle à rendre le Faubourg de Béthune plus convivial. Ses outils : de la verdure et un aménagement en « zone 30 ». Cela pour rendre l’espace public plus agréable et accueillant pour les piétons8. L’année suivante, un espace santé (lieu de prévention médico-sociale) et un centre de la petite enfance sont inaugurés9. Il est aussi prévu de rénover le 70 de la rue Léon-Blum pour y installer des bureaux et ainsi stimuler la création d’entreprises qui pourront bénéficier de l’aide de la ville en matière d’aide au montage de projets10. Enfin, la ville prévoit d’achever de mettre à niveau les équipements du Faubourg en rénovant la maison de quartier et le centre commercial du Boulevard de Metz au courant de l’année 19999. La même année, une solution d’aide aux devoirs est mise en place, afin que le combat contre les inégalités sociales ne se contente pas d’aménagements urbains11.
Malheureusement, si de nombreuses mesures ont été prises sous différents angles d’attaque, cela n’a pas suffi à restaurer l’ambiance conviviale et festive dont se souviennent les habitants de longue date du Faubourg. Il sont nombreux à déplorer la ghettoïsation du quartier, et les aménagements de la ville ne semblent pas compenser les changements qu’ils ont observés.
« Y a plus de respect, y a plus rien du tout… Vous osez même plus parler à qui que ce soit… Même entre nous. » déplore un habitant.
Bibliographie :
- J.-C.R. (1994, 30 décembre). Et ce jour-là, au Faubourg de Béthune… C’était en septembre. La Voix du Nord, page 4.
- Retour sur les « Événements ».
- (1994, 21 décembre). Concierges, le retour ! Nord Eclair.
- F.L. (1994, 09 novembre). Deux îlotiers pour plus de 6000 habitants. La Voix du Nord.
- M.Q. (1995, 28 novembre). Réaménagement des espaces verts. La Voix du Nord.
- (1996, juin). Ne pas se tromper d’enjeu.
- (1997, 12 février). « Concorde » réhabilité. La Voix du Nord.
- C. R. (1997, 18 avril). Dans les quartiers, des espaces plus conviviaux. Nord Eclair.
- (1998, 1er octobre). Un quartier en chantier. La Voix du Nord.
- (1998, 7 avril). Faubourg de Béthune : un quartier maintenant en marche. Nord Eclair.
- Flamen, P.-L. (1999, 6 décembre). Le devoir de l’aide au devoir. Nord Eclair.