En se baladant dans Lille, on peut passer devant la porte de Paris, ou encore par la Citadelle. Ces monuments sont des vestiges des fortifications de la ville. Etudier l’évolution de ces remparts, c’est étudier l’histoire de Lille.
Les plus vieilles portes de Lille encore debout remontent au XIIIe siècle, lors du 2e agrandissement des fortifications de la ville. Un mur d’enceinte avait alors été érigé de de la rue de Tournai à la rue Boilly. Viennent ensuite les portes de Gand et Roubaix, construites lors du Ve agrandissement du mur en 1617. Ces nouveaux remparts s’étendaient de la gare Lille-Flandres à la caserne Kléber.
En 1670, Vauban effectue le VIe agrandissement de la ville. Le nouveau mur d’enceinte va de la caserne Kléber à la Citadelle, et conduit à l’édification de la porte d’Ypres. Dans le même temps, la porte de Paris est remaniée et la « Reine des Citadelles » achevée.
Au XIXe s., les remparts deviennent trop étroits pour la ville. Son expansion s’explique notamment par le développement de l’industrie du textile. En 1858, la ville est étendue par Napoléon III. Ce VIIe agrandissement consiste en l’annexion de quatre communes, qui entraîne en même temps la construction de nouvelle Portes au sud : les portes de Louis XIV, de Valenciennes, de Douai, d’Arras, des Postes, de Béthune, de Canteleu et de Dunkerque. Le périphérique actuel suit cet ancien mur d’enceinte, qui reliait le boulevard du Maréchal Vaillant au sud de la Citadelle.
Au début du XXe siècle, les remparts, qui comportent 14 portes nommées selon les communes sur lesquelles elles débouchent, accueillent la porte de la Citadelle. Au total, ce sont donc 15 portes d’enceinte que l’on peut observer en 1900. A ce stade, le mur d’enceinte semble avoir été pensé comme un ensemble tant il est complet et homogène. Et pourtant, il est le fruit de quatre agrandissements.
Le Vieux Faubourg et les remparts
Le quartier du Vieux Faubourg était en banlieue d’Esquermes jusqu’à l’agrandissement de Lille en 1858 et l’incorporation de Fives, Moulins, Wazemmes et Esquermes dans l’enceinte des remparts. La porte de Béthune est érigée en 1865, elle sépare Esquermes du Faubourg de Béthune.
Crédit photo : Histoire de Savoirs – FP Bailleul
Les anciennes fortifications sont achevées d’être démolies en 1924. Jusque dans les années 1950-1960, ce terrain reste un espace vide où les habitants des environs viennent se balader, les enfants jouer dans les « Kasmate »… Du boulevard de Metz, on a ainsi une vue dégagée jusqu’au CHR (cf photo).
Et Concorde dans tout ça ?
La construction du complexe Concorde est étroitement liée à l’évolution du mur d’enceinte de Lille, puisque le projet a été construit sur la zone non aedificandi qui l’entourait. En effet, cette zone autour des remparts n’était pas constructible puisqu’elle était la propriété de l’armée. Acquise par la ville en 1953, cette zone accueille le plan de la municipalité pour faire face à la crise du logement qui frappe la ville. L’idée : des logements sociaux parsemés d’îlots de verdure. L’architecte Le Maresquier, chargé du projet, conçoit le complexe en reprenant le tracé des remparts. Autre clin d’oeil au passé de ville fortifiée de Lille : deux ensembles sont construits de part et d’autre de l’avenue Beethoven pour rappeler la porte de Béthune qui s’y tenait avant.
Les immeubles du grand ensemble Concorde sont construits selon une disposition qui rappelle l’architecture des remparts… D’abord pour des questions de fondations…
Crédit photo : Histoire de Savoirs – FP Bailleul
Il est évident qu’on ne peut comprendre le tracé actuel de la ville qu’à la lumière de ses remparts d’hier.
Bibliographie :
- Archives départementales du Nord, « Concorde », exposition Faites votre patrimoine, septembre 2014.
- Ville et Pays d’art et d’histoire Lille, Laissez-vous conter le Faubourg de Béthune, Au fil des quartiers.